04 octobre 2018

Un sac à dos et un bon appareil photo, voilà tout ce dont vous aurez besoin pour découvrir los Esteros del Iberá, au nord de l’Argentine, dans la province de Corrientes. Nous nous sommes rendus pendant trois jours autour de ces marais, un séjour unique dans une zone peu connue du pays et pourtant incroyablement riche de nature et de culture.

Cette fois, nous pouvons peut-être dire qu’il y a bien un lieu ou rencontrer directement la nature dans ses confins les plus sauvages et les plus riches. Esteros del Iberá est une réserve naturelle marécageuse dont la taille équivaut à celle d’un département français. À perte de vue s’étendent de verts marais emplis de vie comme il est difficile d’en trouver ailleurs.

Nous arrivons à la mi-journée à l’aéroport de Posadas depuis Buenos Aires, à la frontière entre les provinces de Corrientes et Misiones. Tout de suite nous partons pour l’estancia Rincón del Socorro par la route 41, praticable uniquement en quatre-quatre (cependant il est possible d’y accéder en avion privé depuis Posadas). La route est dure mais elle offre un spectacle impressionnant. Une nature foisonnante de chaque coté des roues du véhicule, des dizaines d’oiseaux qui le survolent.

L’Estancia Rincón del Soccorro, à l’arrivée, porte bien son nom : le coin du secours, un des seuls lieux de refuge ou l’on pouvait demander de l’aide dans cette région autrefois particulièrement reculée. Cette estancia est un véritable sanctuaire de nature. Construite en 1896 par une famille d´éleveurs argentins, elle est ancrée dans son environnement avec ses bois tropicaux et sa cuisine uniquement issue de la production locale. Plus tard, en 1999, elle devient la propriété du magnat américain Douglas Tompkins et de sa femme Kris. L’histoire de ce couple se doit d’être connue pour comprendre l’atmosphère qui règne dans cette maison : Tompkins est un homme d’affaires américain. Il crée notamment les marques Esprit et The North Face. Il quitte l’entreprenariat en 1989 et crée avec sa femme en 1992 la fondation Conservation Land Trust, dont l’objectif est en quelque sorte de rendre à la nature ce qui lui appartient et de la préserver. Pour cela, Tompkins a passé une grande partie de sa vie à acheter des terres en Amérique du Sud pour construire des ensembles naturels de conservation de l’environnement privés et les léguer ensuite à l’État afin qu’ils deviennent des parcs nationaux.

Ici, il a progressivement acquis 150 000 hectares de la réserve naturelle Iberá qui, additionnés avec l’actuel Parque provincial Iberá de 550 000 hectares, formeront bientôt le plus grand parc national d’Argentine. C’est dire l’ampleur du projet mais aussi la richesse de la terre de cette province. L’Estancia devient le centre de base du projet de rachat des terres du Parque Iberá.
À Rincón del Socorro, en plus de la beauté et de l’authenticité des lieux, plusieurs activités nous sont proposées : promenade avec un guide privé, à pied ou à cheval, tour en bateau sur la grande Laguna Iberá, vol au-dessus des Esteros del Iberá ou encore le safari nocturne pour observer la faune une fois le soleil tombé. Le coucher du soleil ici est immanquable. La manière dont les lumières dansent sur l’eau est douce, la distinction entre le ciel et la terre devient floue et chaque minute modifie à son tour les couleurs du paysage.

Reposés après une belle nuit dans ces lieux si chaleureux, nous nous rendons en petit avion à la Isla San Alonso, le cœur du Parque provincial Iberá.  Le vol de dix minutes est presque trop court tant la vue est époustouflante. Survoler les Esteros nous permet de prendre conscience de l’étendue des marais, dans lesquels le ciel se reflète pour former une infinité de miroirs entrecoupés de hautes herbes.
Une fois arrivés, nous partons à la découverte du Centro Experimental  de Cria des Yaguareté (CECY), c’est-à-dire le centre d’élevage de jaguars, sur l’île San Alonso, qui se situe au centre de trois importantes lagunes : Iberá, Paraná et Fernandez. Nous apprenons alors qu’Esteros del Iberá a longtemps été le théâtre d’une destruction de l’écosystème local par la chasse intensive de certains animaux, en particulier le jaguar, en voie d’extinction en Argentine. La réinsertion du jaguar dans son milieu d’origine, grâce à cette expérience pionnière dans le monde zoologique, permettra à terme de rétablir l’intégralité de l’équilibre naturel dans la région, le jaguar étant le principal prédateur dans cet écosystème. Il représente également un symbole dans la région des Esteros del Iberá, trouvant sa place dans le folklore et la tradition locale. Le projet CECY est de plus un projet local, réunissant certes des scientifiques du monde entier mais aussi des habitants pour la construction des infrastructures et l’entretien. Nous apprenons en effet qu’il a fallu découper 1500 tuyaux d’acier à la main pour monter les cages, et les transporter jusqu’à l’endroit le plus adapté, à l’aide de charrues tirées par des bœufs, technique ancestrale presque abandonnée aujourd’hui.
Nous marchons quatre kilomètres depuis le centre de monitoring  pour arriver jusqu’aux cages dans lesquelles sont élevés les jaguars, étudiés par des scientifiques et des biologistes. Si les premiers jaguars n’ont jamais été en totale liberté, les biologistes espèrent pouvoir faire grandir leurs petits sans aucun contact humain afin de pouvoir les libérer ensuite. Au centre, nous avons pu observer la femelle jaguar Tania, qui a récemment donné naissance à deux petits. C’est alors que devient véritablement tangible cette équilibre naturel si présent aux Esteros.

Le lendemain, nous roulons jusqu’au village de Colonia Carlos Pellegrini, au bord de la Laguna Iberá. Nous avons navigué en canot sur la lagune, grande étendue d’eau au milieu des marais. Cette excursion offre une grande proximité avec la faune sauvage des marais, qui foisonne plus encore autour des lacs. Difficile de savoir où donner de la tête entre les cerfs des marais, les caïmans yacare, les singes hurleurs ou les nombreux carpinchos, les plus gros rongeurs de la planète. Nous avons aussi eu la chance d’observer les loutres de rivière, des dizaines de papillons et libellules et une infinité d’oiseaux. Au total, ce sont plus de 4000 espèces animales et végétales qui forment la deuxième zone humide la plus importante du continent après le Pantanal brésilien.


Les Esteros del Iberá sont en somme un petit paradis caché de l’Argentine, enfin ne devrions-nous pas parler d’un grand paradis lorsqu’il s’agit de quelques 500 000 hectares emplis d’une faune et d’une flore uniques au monde ?
La grande particularité des Esteros del Iberá est peut-être celle d’être à la fois une réserve naturelle et futur parc national qui regorge d’espèces variées, de paysages à couper le souffle, mais aussi d’être un lieu d’exploration avec des activités nombreuses et une culture régionale propre. Faire de la réserve naturelle des Esteros del Iberá un parc national dans quelques années sera l’assurance de la continuité de cet écosystème.
Longtemps cachée du fait de sa difficulté d’accès, on peut dire que cette région du Nord de l’Argentine gagne à être connue des passionnés de faune ou de flore mais aussi de ceux qui, comme nous, tendent simplement à découvrir l’Argentine autrement.

 

Josephine Boone

Carnet pratique

Comment y aller ? Vol Buenos Aires/Posadas 1 heure 30 puis avion privé ou piste.

Où dormir ? Estancia Rincón del Socorro ou lodge Aguapé ou Posada de La Laguna

Un circuit ? Le litoral argentin : voyage aux chutes d’Iguazu et Esteros del Iberá ou encore Circuit faune argentine : Esteros del Iberá et péninsule Valdés.

 

Diaporama

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