4.5Review: Périple dans le Noroeste Argentin

  Points clés du voyage : Cafayate, Vallées Calchaquíes, Purmamarca , Salta, San Antonio de los Cobres.

Une parfaite maitrise et une organisation sans faille

Nous voilà rentrés en Europe, à Paris. Quelques lignes pour se souvenir d’un beau voyage dans le Nord Ouest de l’Argentine :
Palomita blanca – De las Cordilleras – Prestame una pluma – Para mi recuerdo.

Découvrir l’Argentine, découvrir un bout d’Argentine et les Argentins : c’était la mission que nous avions confié à Argentina Excepcion. Mission pleinement accomplie, autant par l’organisation du voyage, que l’esprit dans lequel il fut conçu.
De Buenos Aires, l’avion nous mena à Salta. Du hublot nous découvrons la pampa herbue, de vastes champs traversés de lignes droites, terres sans incident topographique, terre sans pierre, « car toutes les pierres de l’Amérique ont servi à bâtir les Andes » comme l’écrit Paul Morand dans son magnifique opus sur le continent sud-américain Air Indien.
Nous fûmes accueillis à l’aéroport par notre guide, un authentique gaucho, un homme sympathique, droit, généreux, porteur de la plus vieille et plus authentique culture argentine, celles de ces hommes qui ont libéré puis bâti ce pays. Son nom est Agostino. Etre accompagné par un tel homme est une chance, un cadeau, parce qu’il connaît l’Argentine, l’aime et en parle avec intelligence et cœur.
De Salta nous partîmes à Cafayate. C’est alors que se découvre le grand théâtre de ce pays, l’immensité de son domaine, de ses paysages qui changent dans cette région du Nord Ouest tous les cinquante kilomètres. C’est d’abord les champs de culture de tabac dont vous voyez les feuilles séchées sur les clôtures ; puis c’est la traversée de la quebrada de las Conchas, canyon baroque qui ne vous a pas prévenu de son arrivée.

Le lieu est une ode à l’anthropomorphisme cher aux Surréalistes : à vous de reconnaître le crapaud, le moine, l’obélisque et tant d’autres que seule votre imagination et votre regard imaginent. Nous marquons un arrêt à la gorge du diable parce que le site est époustouflant, creusé dans la roche par l’eau. Un homme y joua quelques notes d’un instrument ressemblant à une guitare : le son est inouï dans cette salle de concert naturelle où nous entendons notre cœur battre d’émotions. A mille milles de tout, nous pénétrons l’Argentine.

La route se poursuivra le long d’un rio large comme trois fois la Loire – car c’est ainsi, l’Argentine est le pays de la démesure géographique, de terres au format panoramique où l’horizon dévoile la courbe du globe. Tout y est beaucoup plus grand qu’en Europe et coloré : là les pierres sont rouges, ocres, mauves et le rio qui serpente bordé de filaments verts. Ce vert que nous retrouvons dans les vignes qui apparaissent en approchant de Cafayate. Entre temps nous avons croisé peu de monde ; le pays nous appartient.

Nous arrivons dans la petite ville de Cafayate entre chien et loup où de rares maisons ont plus d’un étage, présentant leur façade simple, au toit bordé de balustre. Nous arrivons au centre et nous découvrons sa place carrée, charmante, autour de laquelle s’organise la vie sociale et économique. Vous pouvez faire quelques emplettes, tout l’artisanat du Nord est là. Il est six heure et demie, la nuit tombe, le fond de l’air est frais, les cloches sonnes, la messe va être célébrée dans une église au retable baroque du XVIIIème.

Là Argentina Excepcion nous a réservé une nuit dans une estancia Las Vinas de Cafayate où l’on produit du vin, l’un des meilleurs de la région, à quelques kilomètres du centre. La nuit est maintenant tombée. L’accueil y a été simple, sans démonstration excessive, fait de cette réserve élégante et chaleureuse en même temps, typique des Argentins ; nous sentons qu’ils sont heureux de nous recevoir. Ils nous montrent l’estancia qui s’organise autour d’un patio fleuri.

Nous nous reposons un moment de la route, des paysages admirés et que nos yeux ont porté, éblouis nous remémorant la phrase de Victoria Ocampo : « il est impossible de photographier la pampa », c’est peut être pour ça que notre mémoire est bousculée d’essayer de recomposer ces panoramas si vastes. On nous attend pour un dîner gastronomique, accompagné des grands vins de la maison. Service raffiné, discret. Notre nuit est méritée.

Le lendemain matin nous nous réveillons en plongeant dans la piscine depuis notre terrasse, en lisière des vignes qui s’étendent à perte de vue autour de l’estancia. Des oiseaux chantant virevoltent au-dessus du bassin, qui cherchent à venir boire un peu d’eau, et vous rappellent que l’Argentine est un pays d’oiseaux, le royaume des plumes, comme toute l’Amérique du Sud ou vivent plus de deux mille cinq cents espèces.

Après le petit-déjeuner où vous sont proposés fruits, miel, et confitures exquis nous allons visiter les caves de la bodega Mounier, propriété de l’hôtel. Ce sont les vendanges : des tonnes de grappes de raisin sont déversées dans des appareils qui les trient et les pressurent. Nous assistons à la naissance des vins de Cafayate, à la trituration de ce cépage unique le Torrontès, l’un des nombreux ambassadeurs des vins d’Argentine partit depuis longtemps maintenant à la conquête du monde.

Puis nous repartons, direction la route 40. Sur notre plan de route, nous savons que le soir nous dormirons dans une estancia du nom de Colomé, mais nous n’y faisons pas attention parce qu’avant nous attend la vallée des Calchaquies, et les formations de Las Flechas. En y parvenant nous n’en croyons pas nos yeux : ces formations géologiques sont les sculptures démesurées de flèches silencieuses, sur le point d’être lâchées par une terre-archer qui les retient. Le sculpteur est Eole qui les a modelées au fil des siècles aidé de l’eau. Nous nous arrêtons pour grimper en haut d’une de ces flèches : nul ennemi à l’horizon, silence religieux, soleil éblouissant. Nous sommes seuls. Au loin, Agostino écoute Gardel. Ce n’est pas kitsch, c’est la musique nationale comme Oum Kalsoum est la voix de l’Egypte ou Edith Piaf celle de la France.

Nous poursuivons notre route minérale, l’attention soutenue par la beauté des paysages. Parfois nous traversons un hameau habité par la solitude. Tout est encore plus grand que ce que nous avons croisé la veille : jadis ce pays devait être habité par des géants. Nous nous arrêtons au pied d’arbres où des centaines de perroquets font salon. Et puis nous arrivons dans un lieu de verdure, des arbres, des vignes à nouveau. Nous sommes maintenant devant la grille du domaine de Colomé sans que l’on nous ai prévenu : elle s’ouvre comme dans un film d’espionnage, et notre voiture nous amène à l’entrée d’une vaste estancia au bout d’un chemin pierreux, et nous n’avons encore rien vu.
L’accueil y est une nouvelle fois parfait. Une maîtresse de maison nous fait visiter les vastes lieux : salons, bibliothèque, billard, fumoir, salle à manger cathédrale, rien ne manque pour le repos du voyageur. Elle nous conduit à notre chambre. Nous découvrons une vue splendide de notre terrasse : des champs de lavande, des fleurs, puis des vignes, puis au loin, très loin, les quebradas.

Après une journée au galop, une piscine nous tend les bras. Nous y plongeons comme dans un « fleuve d’oubli ». Oublier l’autre monde, celui dont nous venons, l’Europe, vieille et belle, pour respirer ce pays jeune, au souffle long, aux lumières enivrantes, à la terre de cocagne.
Ecouter le silence des vignes lorsque vous vous séchez au soleil qui disparaît à l’horizon.
Colomé, jardin des paresses. Voir l’Argentine et mourir.

Il n’est pas trop tard. A cheval pardi ! Il y a trente cinq mille hectares à découvrir avec Ernesto et son lasso – car il n’est pas concevable d’aller en Argentine sans monter une fois à cheval, ce que nous faisons. Chevaux de conquistador, galops soulevant de la poussière de western, nous poursuivons le dieu soleil qui se couche comme envoûté par une mythologie inca qui n’aurait pas quitté les marches de son empire où nous nous trouvons. A l’arrêt, comme un signe envoyé par les dieux, mon cheval d’un coup de sabot tue un serpent inquiétant.

Au dîner, nous dégustons une cuisine argentine, simple et fine, et les vins de l’estancia, ces vins qui sont le suc de l’Argentine. Il n’y a que neuf chambres, peut-être dînerez-vous en compagnie d’hommes et de femmes comme vous, éblouis, loin, très loin de leurs vies habituelles, ce qui transforme chaque visiteur à Colomé en un être délicieux et ouvert. Nous passons au salon avec sa vaste bibliothèque des classiques de la littérature argentine ; en guise de liqueur, de la poésie de Borgès.

Le lendemain matin, le petit-déjeuner se prend sur une terrasse donnant sur une vallée des merveilles, plantées d’orangers exhumant leur parfum. Il faut partir vers les Andes. C’est un déchirement. Vous suppliez le guide, comme un bourreau : encore quelques minutes ! Colomé : ce nom restera gravé dans votre mémoire comme l’un des grands lieux de l’Argentine.

En route pour les Andes, pour Purmamarca. Avant d’arriver nous franchissons d’abord le col de la Piedra del Molino à 3348 m : le ciel oscille entre bleu andin et brumes aussi vite balayées qu’elles n’étaient apparues. La descente dévoile une vallée large où coule un rio dont le lit serpente comme la queue d’un dragon ; pour ne pas se faire emmener lors des crues hivernales, l’homme y a construit des retenues d’eau tout le long qui sont comme des prières dérisoires tant le combat semble inégal.

Puis nous repassons par Salta en passant sous la statue du grand libérateur, inventeur des gauchos, le général Güemes, mais pour aussi vite quitter la ville car plus rien ne semble pouvoir nous y intéresser : c’est de la nature que nous voulons. Et notre guide nous en promet.
Il faut alors traverser la forêt des yungas, forêt de l’air primaire, dense, inquiétante, véritable conservatoire de notre histoire terrestre : rien n’y a changé depuis des millions d’années ! La nuit tombe lorsque nous entamons notre montée vers la Quebrada de Humahuaca.
Arrivée la nuit dans un hôtel de bungalows sympathiques. Plongez dans la piscine à l’eau chaude naturelle. Dîner andin. Au réveil, stupeur : vous êtes dans une oasis, au pied de la montagne des Sept couleurs.

Argentina Excepcion, qui a tout prévu, nous suggère de marcher au milieu de ces montagnes malgré le cagna : nous voilà partis. Nous ne le regrettons pas parce que le soleil sublime les couleurs des parois, laissant apparaître ces dernières avec des intensités différentes selon le lieu où vous êtes, et à mesure que vous marchez la montagne change comme les costumes de Frigolo.

Très vite en grimpant, le village de Purmamarca nous apparaît dans toute sa beauté et sa simplicité, comme une vision biblique. Mais nous n’avons encore rien vu. Il nous reste la journée pour atteindre le secret d’Argentina Excepcion. Pour cela nous devons à nouveau emprunter la route 40. Nous y croisons ces fameux autobus qui descendent de Vancouver à Ushuaia : les forçats de la « Panamerican ».
Nous nous arrêtons à la Pucara de Tilcara, forteresse précolombienne de l’an 1000 ; elle domine la vallée – nous sommes dans l’attente du désert des Tartares avec cette longue et large vallée au fond de laquelle, jadis, les Incas guettaient l’arrivée de leurs ennemis.

Nous passons alors le tropique du Capricorne : amateur de tarot et d’horoscope vous aimerez ! Notre périple nous amène jusqu’à Humahuaca, ancien relais de l’empire inca puis du vice-royaume del Rio de la Plata. Vous y trouverez les descendants des Incas, leurs tissages aux sept couleurs et leurs poteries, des bijoux, tout cela dans la joie d’un marché sympathique à souhait, sans foule, ni agressivité des vendeurs. Nous entamons alors l’ultime montée. Nous sommes seuls. L’air manque. Nous arrivons à 4300 mètres d’altitude. Devant nous, le spectacle extra-ordinaire, vertigineux du secret d’Argentina Excepcion.

Nous cherchons : nous n’avons jamais rien vu de semblable, ni dans les Alpes, ni dans les Pyrénées, ni dans les Dolomites, ni nulle part ailleurs ! Nous nous asseyons dans l’herbe. Méditations.
C’est le livre des heures de la Création qui est sous nos yeux. La montagne, plissée, est parcourue des couleurs de l’arc-en-ciel. Formation géologique unique, elle est une ode à la couleur, à la vie ! Sublime land art naturel, indépassable ! C’est le chef d’œuvre d’une nature amoureuse, le temple païen de la couleur où tous les peintres du monde devraient venir se recueillir une fois dans leur vie.
En redescendant à Purmamarca nous nous arrêtons saluer la vallée de las Señoritas. Ces vieilles dames ont joué avec la terre glaise fabriquant un décor de film de science-fiction.
Une nuit ne suffit pas bien sur pour se remémorer ce que nous avons vu, c’est-à-dire l’histoire de la création de la terre, là, offerte à nos yeux.

Le lendemain c’est le grand départ pour les hautes Andes et la visite de las Salinas Grandes à 4200 mètres d’altitude. Sur ce lac salé y travaillent les pères et fils de famille qui depuis des temps immémoriaux y bénéficient du privilège de récolter le sel à la pelle en creusant la croute du lac. Privilège terrible, le soleil brûlant tout sur cette terre blanche où l’air manque, et où les hommes ne vivent pas vieux.
Nous rejoignons ensuite San Antonio de los Cobres, longeant la cordillère aux sommets enneigés. Petite ville qui vit du trafic de marchandises avec le Chili, loin, très loin de tout. Nous croisons quelques vigognes au pelage immaculées. Il est temps de redescendre à Salta. Notre voyage doit bientôt s’achever. Encore une journée.
Nous arrivons alors dans une estancia de roman, au bout d’une allée d’eucalyptus centenaires : c’est « Autant en emporte le vent ». Simple, raffiné à souhait, tout a été fait pour que vous vous sentiez chez vous, ce que vous êtes. L’accueil y est encore parfait, le personnel discret qui glisse sur les tommettes centenaires.

Le mobilier raconte l’histoire de l’Argentine et ses influences : des photos des familles anciennement propriétaires, des meubles élégants en bois, en argent, des selles de cuir, des plaids en alpaga. Autour des hectares de pelouses et un jardin au-dessus duquel volent des oiseaux ; une paire de jumelle et un guide vous permettent de jouer au jeu des sept familles pour découvrir cette volière à ciel ouvert. Nous plongeons dans la piscine – pour continuer de se baigner dans ces bains de bien être ; au fond du parc, un spa offre lui des bains de jouvence.

Le soir un récital puis un barbecue nous permet de gouter les plus grandes viandes que nous n’avons jamais mangées : les pièces fondaient en bouche. Le directeur de l’hôtel, qui n’a pas trente ans, polyglotte, chanta toute la soirée au son du banderillo. Comme l’a écrit le poète ce soir là à San Antonio « tout n’était que luxe, calme et volupté ».
Happy end : notre voyage dans le Nord Ouest prit alors fin. Mémorable.

Tout cela le fut parce que les Argentins sont un peuple éminemment sympathique, accueillant, prenant le temps de vous expliquer les choses, de vous guider. Peuple avenant, délicat et ouvert, nous avons tout le temps eu le sentiment d’être accueilli, attendu.
Il y avait également Argentina Excepcion, Alain d’Etigny son président et fondateur qui ouvrit le bal avec un briefing à notre hôtel de Buenos Aires comme jadis Lawrence d’Arabie devait briefer les officiels anglais en visite au Caire : culture, précision, intelligence de la situation et amour de l’Argentine et de ses habitants, tout y était et nous fumes dès le départ très favorablement impressionnés et lancés sur la route de notre voyage rêvé en Europe avec le sentiment que cela correspondrait à ce que nous voulions.
L’écoute et la compréhension de nos vœux, le choix des hôtels, des prestataires, la qualité des documents fournis pour chaque étape (tout est écrit : pour chaque lieu visité l’heure de passage recommandée est consignée afin de bénéficier de la plus belle lumière ou du calme d’un site d’ordinaire populaire), nous avons tout retrouvé dans ces six jours dans le Nord Ouest.

Tout fut pensé et exécuté avec une grande maîtrise sous la conduite de notre guide Agostino, ce qui signifie que l’équilibre fut parfait entre visites planifiés et improvisation parce que notre curiosité insatiable voulait que nous sortions de la route.
C’est de mémoire l’un des voyages les mieux organisés que nous n’ayons jamais fait, ce qui signifie que nous avons pu découvrir l’Argentine et les Argentins dans les meilleures conditions qui soient.

Louise et François

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