On est allé… à la rencontre de la laguna Esmeralda et du canal de Beagle à Ushuaia

Jour 1

Pour notre premier jour à Ushuaia, nous partons à la découverte de la laguna Esmeralda. Le sentier, bien qu’un peu long, est assez facile : l’idéal pour une bonne mise en jambes ! Après une vingtaine de minutes de taxi depuis notre hôtel, nous arrivons au départ de notre randonnée du jour. Le temps, qui s’annonçait pluvieux, s’est éclairci : la chance est avec nous en ce capricieux mois d’avril. C’est parti pour quatre heures de marche avant d’arriver à la lagune et de déguster nos sandwichs pour la pause déjeuner.

Le sentier débute dans une forêt dense que le soleil, qui tarde à se lever, n’a pas encore percée. Il fait frais et le terrain est boueux à cause des intempéries des derniers jours. Après quelques dizaines de minutes de marche, la forêt s’élargit et le soleil se dévoile, nous laissant entrevoir de magnifiques clairières où les couleurs flamboyantes des feuilles encore accrochées aux branches contrastent avec la pâleur du tronc des arbres. Après encore quelques minutes, le chemin nous fait sortir de la forêt pour arriver jusqu’à une plaine où la vue, totalement dégagée sur les montagnes qui nous entourent, nous fait nous sentir minuscules. Un long pont en bois se dresse devant nous, nous l’empruntons mais notre regard ne peut se décrocher du paysage. Le panorama est tellement immense qu’on n’en finit jamais de le découvrir totalement. Bien que le mois d’avril ne soit pas considéré comme la saison la plus clémente pour découvrir Ushuaia, nous ne regrettons rien de notre choix. Certes, le climat de l’été doit offrir des températures plus agréables, mais rien ne vaut le jeu de couleurs que nous offre l’automne.

Une fois le pont traversé, nous nous renfonçons de nouveau dans la forêt où un petit ruisseau longe notre parcours. Cette fois-ci le chemin est plus escarpé, plus difficile, et la montée que nous entreprenons se fait de plus en plus raide. Une fois arrivés au sommet, c’est à nouveau une immense plaine qui s’offre à nous. Nous suivons le chemin, semblable à un long pont de planches de bois. Au bout, le sentier redevenu plat continue, la boue est telle que nous essayons de sauter de pierre en pierre pour éviter que nos chaussures ne finissent absorbées par le sol qui fait l’effet de sable mouvant : l’une d’entre nous y a même laissé sa chaussure avant de la relacer ! Sur cette partie, nous continuons de marcher à contre-courant du ruisseau qui nous tient compagnie depuis la forêt. Les paysages sont magnifiques et en plus des couleurs des arbres, les petites cascades formées par le cours d’eau amplifient la magie du lieu.

Au loin, les montagnes se rapprochent et nous savons que nous ne sommes plus très loin. Sous nos pieds, le sol boueux laisse place à de la pierre. Encore quelques efforts puis, au milieu d’un paysage grisé par les nuages… une étendue d’eau turquoise apparait devant nous : nous y sommes ! Et en moins de temps que prévu. Nous rejoignons alors nos compagnons qui avaient pris de l’avance en haut d’un imposant rocher offrant une vue plongeante sur la lagune. Après quelques minutes de repos, nous décidons d’aller plus près de l’eau pour déjeuner.

Le soleil, qui s’était caché, ressort pour nous accompagner. Après notre pause-déjeuner bien méritée et dix petites minutes de sieste ensoleillée, nous reprenons notre marche. Avant de rebrousser chemin, nous décidons d’effectuer une boucle autour de la lagune. L’autre côté de l’étendue d’eau nous offre une vue bien différente de notre premier point d’observation : une plage de sable claire et caillouteuse, que l’eau presque blanche vient inonder, puis un peu plus loin c’est de l’herbe qui vient se dérouler sous nos pieds.

La boucle est presque bouclée lorsque, à quelques mètres, j’aperçois un petit animal qui nous regarde, tapis entre les arbres. Je me rapproche doucement tout en faisant signe aux autres de ne pas faire de bruit : un renard de Patagonie nous observait. Il n’avait pas l’air apeuré, mais plutôt intrigué par les voyageurs qui pique-niquaient, et sans doute intéressé par leurs restes.

Au retour, nous empruntons le même chemin qu’à l’aller. Le soleil n’a malheureusement pas fait sécher la terre dans laquelle nous continuons de nous enfoncer. Mais à force de pratique, notre technique qui consiste à se déplacer de cailloux en cailloux se perfectionne et nous passons cette première étape avec plus de facilité qu’à l’aller. Cette fois-ci le sentier, qui est désormais en descente, nous semble plus facile. Nous repassons par les mêmes plaines qu’au début de notre marche mais la vue, elle, se renouvelle sans cesse au gré des heures et de la changeante lumière : une éternelle découverte. Au fur et à mesure de l’après-midi les rayons du soleil, devenus orangés, viennent se confondre avec les couleurs des feuilles d’automne. C’est sans encombre et dans un silence traduisant notre fatigue, que nous sortons du sentier pour reprendre un taxi en direction de la ville, la tête pleine d’images inoubliables…

Jour 2

Pour ce deuxième jour à Ushuaia, nous embarquons à bord de la Paludine pour naviguer sur le canal de Beagle. Nous avions préalablement réservé nos places la veille en nous promenant sur le port où l’organisatrice nous a donné toutes les explications. La Paludine est un petit bateau dont les propriétaires proposent des sorties sur le canal de Beagle. Une excursion dure en moyenne deux heures et permet d’observer les principales îles du canal : la Isla de los Pájaros, la Isla de Lobos et le célèbre phare Les Éclaireurs. On nous annonce que nous ne verrons malheureusement pas de manchots, car ces derniers ont déjà migré à cette période de l’année. Mais tant pis, pour nous consoler nous reportons nos espoirs sur les baleines, bien présentes en cette saison selon le capitaine qui affirme en avoir vu chaque jour depuis plus d’une semaine !

Le lendemain nous sommes attendus au port à 10 heures. Nous sommes tout de suite accueillis par le propriétaire et conducteur du bateau, et Tomás notre guide le temps de cette excursion. Nous sommes un petit groupe de 8 personnes à embarquer, ce qui est très appréciable car Tomás nous explique qu’avec d’autres compagnies d’excursions, on peut facilement se retrouver à plus de cent personnes pour un seul et gros bateau, ce qui ne permet pas d’admirer comme il se doit la faune et les paysages.

Contrairement à hier, un grand ciel bleu se dresse devant nous. Aucun nuage à l’horizon et le soleil est de la partie, mais le vent aussi. Heureusement nous nous sommes bien équipés : lunettes de soleil, bonnet et cache-cou. Si la cabine du bateau est bien chauffée, le vent souffle fort lorsque l’on sort sur le ponton. C’est parti, le bateau démarre et le port d’Ushuaia s’éloigne lentement dernière nous. Tomás déplie alors deux cartes afin que nous puissions nous repérer. Il nous explique que le canal de Beagle sépare les îles chiliennes des îles argentines, et donc que certains des paysages que nous apercevrons au loin appartiennent au Chili. Après une dizaine de minutes d’explications, nous décidons de sortir sur le ponton pour profiter de la vue. À l’horizon, le bleu de l’eau et du ciel se rejoignent pour ne faire qu’un.

Nous arrivons à une première île où se trouvent une cinquantaine de lions de mer. Le conducteur rapproche le bateau au plus près possible de l’île afin de faciliter notre observation et Tomás nous en dit un peu plus sur ces drôles d’animaux. Nous assistons à des scènes de la vie quotidienne : un petit tète sa mère, tandis qu’un autre part nager. Il y en a un plus imposant que les autres qui fait de drôle de cris. Tomás nous explique qu’il s’agit du mâle dominant du groupe.

Nous repartons ensuite en direction d’une autre île où nous observons de plus près ces drôles de mammifères avant de nous rendre au phare des Éclaireurs. Ce dernier est souvent confondu avec le Faro del Fin del Mundo, qui se situe en réalité à plus de 200 kilomètres d’Ushuaia. En s’approchant de l’île du phare, nous nous apercevons qu’elle est peuplée par une harde de cormorans : ces oiseaux noir et blanc sont très communs à Ushuaia, Tomás nous explique que ces derniers volent assez mal et qu’ils ne parviennent pas à s’élever au-dessus de l’eau de plus de quelques centimètres. Il nous raconte également l’histoire d’un navire qui a coulé à proximité du phare dont l’épave est accessible aux plongeurs les plus téméraires !

Il est temps pour nous de faire demi-tour. Le bateau redémarre en direction du port. Notre voyage touche à sa fin, nous sommes émerveillés mais quelque peu déçus qu’aucune baleine ne se soit montrée. Malgré le vent, nous restons sur le ponton du bateau pour profiter de ces derniers moments quand tout à coup, Nino, en sa qualité de futur capitaine, crie en pointant du doigt une masse qui sortait de l’eau : la queue d’une baleine ! Le conducteur du bateau décide alors de la suivre, ce qui nous permet d’admirer de près ces majestueux mouvements de queue, ainsi que sa respiration qui laisse s’échapper une brume blanche au-dessus de l’eau.

Nous sommes aux anges, notre objectif est accompli, et c’est avec un sourire jusqu’aux oreilles que nous revenons au port. Après avoir remercié l’équipage, nous partons nous restaurer avant de nous rendre au parc national Terre de Feu, où nous parcourrons le sentier de la côte (sendero de la costa) dans l’après-midi.