Juan Gualberto Garcia, l’enfant qui trouva Henri Guillaumet
Juan Gualberto Garcia, enfant berger, a 14 ans lorsqu’il tombe nez à nez avec Henri Guillaumet presque mort de froid et d’épuisement le jeudi 19 juin 1930 au lever du soleil. Sa mère puis son père se démènent alors pour le secourir et donner l’alerte…
Juan Gualberto Garcia décoré par Jacques Chirac en 2001
C’est un article d’Alberto Piattelli, historien vivant à San Carlos, village situé à 100 km au sud de Mendoza , qui fait à nouveau connaître Juan Gualberto Garcia. En juin 2001 il est invité au salon du Bourget et décoré de la Légion d’Honneur par Jacques Chirac. De retour à Mendoza, Juan Gualberto Garcia continue à vivre dans la pauvreté. Il s’éteint le 14 décembre de 2011 à 95 ans.
Rencontre de Frédéric d’Agay et Juan Gualberto Garcia, en 1999 à Mendoza
Propos reproduit avec l’aimable autorisation de Frédéric d’Agay, petit neveu de “Saint-Ex ” et président de l’association Vol de Nuit /Vuelo nocturno, qui retrouva Juan Gualberto Garcia à Mendoza en 1999, lors d’une mémorable rencontre au cours de laquelle ce manuscrit lui fut donné par le gaucho .
Le témoignage de Juan Gualberto Garcia : Le 13 juin 1930, le pilote Henri Guillaumet eut un accident. C’était lui qui transportait le courrier entre l’Argentine et le Chili. Guillaumet fut surpris par un grand orage dans la Cordillère des Andes et il fut obligé de descendre comme il put. Lorsqu’il vit une clairière, il était à 20 mètres du sol et il faillit tomber au milieu de la Laguna Diamante. Il resta sur place, mais le froid l’obligea à quitter l’avion. À l’aide de sa boussole, il commença à s’orienter. S’il avait pu trouver son chemin, il aurait pu sortir de la Cordillère en une journée et demi de marche. Mais à cause de l’énorme quantité de neige accumulée, il s’est égaré, marchant d’un côté et de l’autre pendant plusieurs jours et nuits. Le 19 juin, il fut trouvé par un enfant, moi-même.
J’étais parti de la maison vers 4 h du matin pour retrouver mon père à la chasse. (…) Au lever du soleil, je suis arrivé dans un site nommé le Salitral, sur la pente des Caracoles. Au clair du jour, il m’a semblé voir une empreinte, que j’ai suivie: je pensais que c’était celle d’un animal, puis j’ai vu quelqu’un qui marchait près de la colline. Pendant la nuit, un grand vent avait soufflé et je savais qu’un avion (NDRL : un Potez 25) était tombé dans la Cordillère.
Mais l’idée que l’homme qui était devant moi pouvait être le pilote ne me vint d’abord pas. Quand il m’a vu, il a commencé à crier, à faire des gestes, à courir. Il prenait son écharpe, il la levait vers le ciel et la jetait par terre ; puis il la levait encore et recommençait. Alors, je me suis arrêté. J’ai lu sur son visage une expression de folie et j’ai pris peur: je me mis à courir. Voyant que je m’en allais, il cria et courut vers moi. Je fuyais de plus belle. Une fois chez moi, je dis à ma mère qu’un fou venait par le ruisseau. Elle me dit d’aller le trouver: (…) peut-être s’agissait-il du pilote égaré dans la Cordillère. J’insistais: c’était un fou !
Cependant, nous y allâmes. Nous avancions d’un côté du ruisseau et lui venait à notre rencontre de l’autre côté. À portée de voix, il nous cria : “si aviaturi, cae airiplani”. (…)
J’ai traversé le ruisseau à cheval pour aller le chercher. Il ne savait pas monter et voulu prendre mon bras. Je l’ai conduit jusqu’à une cascade. Nous avons traversé un pont en bois ; il faillit tomber dans la rivière tant il était exténué. Ma mère est venue m’aider, nous l’avons porté et nous l’avons conduit chez nous. En arrivant dans la cuisine, il se laissa tomber sur une chaise, but du lait de chèvre et s’endormit à même la table. J’ai allumé du feu et nous avons mis l’étranger au lit.
Je suis reparti dans la montagne pour prévenir mon père. Il était cinq heures de l’après-midi. (…) Quand nous sommes revenus, il était presque dix heures du soir. Mon père a prévenu la police, puis l’armée. Toutes ces démarches ont pris la nuit entière mais il fallait absolument que tous sachent que le pilote était en vie.
Vers dix heures le lendemain matin, Guillaumet fut conduit chez Eugenio Bustos, où l’attendait un avion. Lorsqu’il a vu l’appareil, il s’élança hors de la voiture et couru vers lui : il voulait piloter ! Et c’est comme ça qu’il est revenu parmi les siens à Buenos Aires.
Après six jours de repos, il est revenu en avion sur les lieux du drame pour voir son appareil qu’il avait abandonné dans la neige. Nos voisins nous ont dit qu’il saluait ceux qu’il voyait de la main. (…)
Plus tard, nous avons été en contact avec sa famille. Nous nous sommes écrits jusqu’à ce qu’il soit tué pendant la guerre (NDRL: le 29 novembre 1940). Un an après l’accident, à la fonte des neiges, il fallut déterrer l’avion accidenté. Une équipe, conduite par Don Pastor Lima se chargea des travaux. L’opération était délicate puisqu’il fallait détacher les ailes et le moteur qui fut chargé sur un char à boeufs. (…) Et c’est ainsi que l’avion fut lui aussi un miraculé des Andes.
Propos recueillis par Frédéric d’Agay
Traduction d’Elsa Pico Pour en savoir plus sur l’accident de Henri Guillaumet, veuillez consulter notre article sur le sujet.
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