Paso Ibañez, le village qui voulut être une étape de la Ligne

Saint-Exupéry nous raconte sa vie pittoresque de pilote.

 

> Revoir le sujet sur l’Aéropostale dans l’émission “Faut pas rêver” spécial Argentine sur France 3 (Voir à 22 min. 30)

En 1930, après avoir inauguré le premier tronçon de la ligne de Patagonie entre Bahia Blanca et Comodoro Rivadavia, Saint-Exupéry se lance dans les repérages de la seconde partie. Celle-ci devra relier Comodoro Rivadavia à Río Gallegos. Pour ce faire, St-Ex doit établir plusieurs escales stratégiques pour le courrier, mais également pour ses hommes et pour les capacités de ses avions. Son choix se porte rationnellement sur Puerto Deseado, San Julian et Santa Cruz. Il reçoit alors les sollicitations d’un petit village situé à 40 km de cette dernière escale : Paso Ibañez. Etre une étape de la ligne de Patagonie représente, à cette époque, une chance incroyable de sortir de l’isolement…

Rencontres en Patagonie. Archive Gilbert Pellaton

Paso Ibañez, rebaptisé en 1933 sous le nom de Comandante Luis Piedrabuena, se situe à 38 kms de Santa Cruz et à 231 km de la ville de Río Gallegos, juste à l’intersection du río Santa Cruz et de la route nationale n°3.

Le nom de l’actuelle ville vient du premier habitant de l’île Pavón, Luis Piedrabuena qui s’y installa en 1859. Cette île de 2 km de longueur se situe au milieu du fleuve Santa Cruz. La population actuelle de ce bourg atteint 10.000 habitants (INDEC, 2010).

 

Paso Ibañez, le village

Paso Ibañez, Santa Cruz. Archive Gilbert Pellaton

L’histoire la plus touchante dont je me souvienne est la suivante: il existait, dans l’extrême Sud, une petite ville du nom de Santa Cruz, sise à l’embouchure d’un fleuve. Comme elle était sur notre route, j’y avais installé une escale.
II existait également à 50 km en amont du fleuve, une autre ville un peu moins importante, située au confluent de ce fleuve et d’une rivière dont j’ai malheureusement oublié le nom. Cette ville réclamait son escale. Je répondis que nous ne pouvions, sans ralentir inutilement un courrier de 3.000 kilomètres, faire ce crochet superflu et ce double atterrissage. Un service de voitures, entre Santa Cruz et l’autre bourgade, assurerait aisément le transport des passagers et de la poste. Je reçus alors une longue lettre où l’on me reprochait vivement de n’avoir pas regardé la carte :

Paso Ibañez, Patagonie. Archive Gilbert Pellaton

« Nous sommes peut-être moins importants, me disait-on. Nous ne sommes pas c’est vrai, un port de mer. Mais, situés à un confluent, nous drainons le trafic de deux fleuves. Un jour viendra où notre ville l’emportera sur Santa Cruz. Nous allons, malgré votre décision, installer un aéroport. »
Et ils installèrent cet aéroport avec un luxe royal, comme on eût préparé un piège bien tentant pour y capturer nos avions. Je répondis au gouverneur que j’étais désolé de les voir assumer de tels frais, puisque ce double atterrissage, à 50 kilomètres de distance, n’aurait jamais de sens. Ils persévérèrent cependant, et je reçus, un beau jour, une lettre, où l’on me priait d’inaugurer l’aéroport, même si je ne devais pas l’élever à la dignité d’escale. Renseignements pris, le terrain qu’ils s’étaient ruinés à aménager était trop court pour nos avions et mal dégagé. Je déclinais l’offre à regret…

Survol Paso Ibañez. Archive Gilbert Pellaton

« Peu importe me répondit-on. Venez inaugurer notre aérodrome sans atterrir. Nos concitoyens seront bien heureux si un avion de votre ligne évolue au-dessus de nous, le jour de l’inauguration. Nous ne pouvons pas inaugurer si nous ne voyons pas d’avions. »

Et un jour que je descendais dans le Sud, je prévins la petite ville et m’en fut consacré ce terrain par un vol sans atterrissage. Pendant une heure, j’effectuais au-dessus d’eux virages et plongeons, puis je repris mon voyage.

Illustration de Guillermo Almeida, Paso Ibañez

Connaissez-vous rien de plus exaltant que cet enthousiasme et cette jeunesse de cœur ? Tous nos contacts avec toutes les populations de cette si vivante Amérique du Sud nous ont fait goûter l’enivrante joie des précurseurs.

Propos recueillis par Alexandra Pecker, revue La vie française, 1939.

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