Martina Chapanay, gaucha rebelle.

Héroïne du désert de la région de San Juan dans le nord-ouest argentin, la gaucha Martina Chapanay marque l’histoire argentine par ses réalisations militaires et sa vie de rebelle. Entre légendes et réalités, tout un imaginaire s’est construit autour de son personnage et de sa vie trépidante, à une époque où les femmes ont très peu de droits.  

Martina Chapanay: Mujer de cinco mil batallas, série réalisée par Miguel Angel Roca.

Née d’un père cacique huarpe (autochtones originaires de Cuyo) et d’une mère européenne, on estime sa naissance entre 1800 et 1810. Son nom, « Chapanay », provient du huarpe « Chapac nay » ou « zone de marécage ». Alors que Martina n’a encore que quatre ou cinq ans, sa mère décède, et l’on dit que son père l’envoie vivre chez une femme à Ullum pour qu’elle l’élève. On dit aussi qu’elle est envoyée à Mendoza dans une nouvelle famille suite à la mort de son père. Dans les deux versions, elle finit par s’enfuir et commence sa vie de rebelle et batailleuse. Elle apprend avec les autochtones chez qui elle se réfugie, à manier le couteau, la pêche, le lasso et à monter à cheval, activités dans lesquelles elle excelle. Appelée “la Robin des bois de San Juan”, elle subsiste grâce au banditisme en attaquant les passants des routes argentines, puis redistribue aux plus précaires de la province.  

Elle devient ensuite montonera (combattante de l’armée civile fédéraliste de l’époque) aux côtés des troupes de Facundo Quiroga, chef de guerre. Rapide et agile, elle participe aux conflits internes du pays avec les gauchos et les ruraux paramilitaires contre le gouvernement centraliste. D’abord « chasqui », elle aurait été chargée de transmettre le courrier entre les leaders paramilitaires. Elle cavale nuit et jour dans les plaines argentines pour établir la communication entre les positions indépendantistes. Fervente admiratrice du caudillo (chef de guerre) Angel Vicente Peñaloza, elle est connue pour avoir vengé sa mort.  

Plusieurs biographies racontent qu’un poste de sergente major lui est offert à la police de San Juan, grâce à la réputation de ses exploits. La légende construite autour de son histoire fait varier les versions sur quelques détails, mais sa figure reste celle d’une rebelle gaucha à la fois héroïne et bandite. Sa mort est estimée en 1887 dans ses terres natives de San Juan.  

Sortie en 2023, la série intitulée « Martina Chapanay, Mujer de cinco mil batallas » et produite dans la province de San Juan, retrace sa vie et ses aventures.