Saint-Exupéry et la Patagonie
Quand Saint-Exupéry arrive en Argentine en 1929 afin de prendre en main la direction de l’Aeroposta Argentina, il est rapidement amené à s’occuper de la ligne Bahia Blanca – Río Gallegos. Il fait alors la rencontre d’une région qui changera sa vie: La Patagonie !
Devant une assemblée de jeunes à New York, Antoine de Saint-Exupéry a décrit son passage en Argentine comme « un trait lumineux ». La Patagonie en particulier est une région dont il parle beaucoup et dans plusieurs de ses œuvres : son roman Vol de Nuit lui est dédié. Mais aussi quelques chapitres du récit Terre des Hommes : “L’Avion” et “L’Avion et la Planète“; ou encore deux articles publiés dans la revue Marianne : “Le pilote et les forces de la nature” août 1939 et “Escales en Patagonie” novembre 1939.
Enfin, la Patagonie est évoquée dans un des textes de Un sens à la vie, au chapitre “Les puissances naturelles”. La Patagonie a inspiré à Saint-Exupéry beaucoup de réflexions.
L’importance du lien et de la communication entre les hommes
Il s’est senti jouer ce rôle, notamment en sortant de l’isolement de nombreux villages, choisis comme étapes de la ligne de Patagonie. Il fallait à l’époque 15 jours en bateau pour rejoindre la capitale… du moins quand il y avait un bateau !
J’ai toujours devant mes yeux ma première nuit de vol en Argentine, une nuit sombre où scintillaient seuls, comme des étoiles, les rares lumières éparses dans la plaine. Chacune signalait, dans cet océan de ténèbres, le miracle d’une conscience… Il faut bien tenter de se rejoindre. Il faut bien essayer de communiquer avec quelques-uns de ces feux qui brûlent de loin en loin dans la campagne.»
Extrait de la préface de Terre des Hommes.
St-Ex n’aimait pas les grandes villes et en particulier Buenos Aires en raison des millions de mètres cube de ciment où le printemps ne pénètre pas, de l’architecture sans perspectives…
À l’inverse il aimait les petites villes du bout du monde où la dureté du climat, l’isolement rendait les hommes communicatifs et chaleureux :
La chaleur et l’accueil des habitants de la Patagonie
« À mesure que l’on s’enfonce vers le Sud, le froid ; l’isolement, resserrent mieux les hommes ». « On ne pouvait guère rencontrer ailleurs […] un tel sens de l’entraide, ni non plus une telle sérénité. Sérénité des hommes qui ne se heurtent qu’aux grands problèmes. »
Extrait du livre Lettre à sa mère.
« Étranges petites villes en tôle ondulée. Et des gens qui, à force d’avoir froid et de se rassembler autour des feux, sont devenus si sympathiques… »
Extrait de l’article « Escales en Patagonie», revue Marianne.
Les éléments naturels avec lesquels l’homme se mesure
« Le cyclone dont je vais parler est bien l’expérience la plus saisissante, dans sa brutalité, qu’il m’ait été donné de subir; et cependant, passé une certaine mesure, je ne sais plus décrire la violence des remous qu’en multipliant des superlatifs qui ne charrient plus rien, sinon un goût gênant d’exagération.
J’avais quitté l’escale de Trelew, en direction de Commodoro-Rivadavia en Patagonie. On survole là-bas une terre bosselée comme un vieux chaudron. Aucun sol, nulle part, ne montre si bien son usure. Les vents que chassent, à travers une échancrure de la Cordillère des Andes, les hautes pressions du Pacifique s’étranglent et s’accélèrent dans un étroit couloir de cent kilomètres de front, en direction de l’Atlantique, et raclent tout sur leur passage. Végétation unique d’un sol usé jusqu’à la corde.
Pendant trois mois d’été la vitesse de ces vents, mesurée au sol, s’élève jusqu’à cent soixante kilomètres-heure. Nous les connaissions bien. Mes camarades et moi, une fois franchie la lande de Trelew, à l’heure d’aborder la lisière de la zone qu’ils balayaient, nous reconnaissions leur présence à je ne sais quelle couleur bleu gris, et serrions d’un cran ceinture et bretelles en prévision des grands remous.
D’abord, je n’avançais plus. Ayant obliqué sur la droite, pour corriger une dérive soudaine, je vis le paysage s’immobiliser peu à peu, puis s’enrayer définitivement. Je ne gagnais plus de terrain. Mes ailes ne mordaient plus sur le dessin du sol. Cette terre je la voyais basculer, pivoter, mais sur place : l’avion dérapait désormais comme sur un engrenage usé.
Et je découvre ainsi que je ne lutte point contre le vent, mais contre cette crête elle-même, contre cette crête, contre ce roc. C’est contre le roc, malgré la distance, que je me bats. Par le jeu de prolongement invisible, par le jeu de muscles secrets, c’est lui-même qui s’oppose à moi. Devant moi, sur ma droite, je reconnais le pic de Salamanque, un cône parfait dont je sais qu’il domine la mer. Je vais donc m’évacuer en mer. Mais il me faut d’abord passer sous le vent de ce pic. Dans son « rabattement », comme nous disons. Le pic de Salamanque est un géant… Et je respecte le pic de Salamanque.
Me voici plein moteur face à la côte. Perpendiculaire à la côte, I1 s’est passé beaucoup de choses en une minute. Tout d’abord je n’ai pas débouché sur la mer. J’ai été expulsé vers la mer comme par une toux monstrueuse; vomi par ma vallée comme par une gueule d’obusier. »
Extraits du chapitre “Les puissances naturelles”, Un sens à la vie.
« La terre nous en apprend plus sur nous que tous les livres. Parce qu’elle nous résiste. L’homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle ».
Première phrase de la préface du récit Terre des hommes. Antoine de Saint-Exupéry.
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