Le théâtre à Buenos Aires et en Argentine
Le théâtre argentin est l’un des plus dynamiques et florissants du monde.
Aujourd’hui, Buenos Aires compterait plus de théâtres que New York, accueillants aussi bien des pièces internationales que des créations 100% argentines. Si le théâtre se porte si bien dans la capitale porteña c’est qu’il constitue, au-delà d’un phénomène de société, un pan entier de la culture et de l’histoire argentine. Aller voir des pièces, aussi bien que faire du théâtre, sont des activités ancrées dans les mœurs argentines depuis plusieurs générations, au sein d’un cadre plus ou moins formel ou spontané, dans des lieux prestigieux ou cachés, mais toujours dans une ambiance dynamique et inspirante…
Les débuts du théâtre à Buenos Aires
Les débuts du théâtre en Argentine se situent à la fin du XVIIIe siècle. Au commencement les scènes de bois n’étaient qu’éphémères, posées dans la rue pour une durée déterminée et servaient d’estrades pour des pièces populaires et comiques. Plus tard, en 1783, le gouverneur de la ville de Buenos Aires Juan José de Vértiz y Salcedo fit construire le premier théâtre, appelé La Ranchería. C’est au sein de ce premier théâtre que l’on joua Siripo de Manuel José de Lavarden, la première pièce d’un auteur local.
Après un incendie à La Ranchería qui causa sa fermeture en 1792, c’est le Coliseo Provisional qui accueillit les joueurs de théâtre de la capitale sur ses planches. Cette salle fut rapidement appelée “salle de la Révolution” en référence aux mouvements indépendantistes de l’époque. S’y jouèrent des pièces ayant directement trait avec l’histoire, la politique et la culture argentines.
Parmi celles-ci, les plus importantes furent El detalle de la acción de Maipú dans laquelle l’auteur se moque des coutumes populaires, El hipócrita politico, une comédie dont l’action se déroule au cœur de Buenos Aires, ou encore El gigante amapolas de Juan Bautista Alberdi, une satire du gouvernement absolutiste de Juan Manuel de Rosas.
Après la révolution indépendantiste de mai 1810, le théâtre argentin prend ses distances du répertoire espagnol, pour notamment se rapprocher du théâtre français dont Molière était le principal représentant. C’est aussi à cette époque que plusieurs compagnies européennes affluent vers le Rio de la Plata et dynamisent la pratique théâtrale sur le nouveau continent.
L’âge d’or du théâtre argentin
A partir de la moitié du XIXe siècle, avec la forte immigration venue d’Europe et en particulier d’Espagne et d’Italie, la capitale développe ses activités culturelles dont le théâtre. Ce développement trouve son symbole dans le Théâtre Colón. Achevé en 1957, cet édifice incontournable de la ville est considéré comme étant l’un des cinq meilleurs opéras au monde pour son acoustique extraordinaire. Les migrants apportèrent avec eux le style théâtral du sainete (saynete), pièce comique en un seul acte traitant de sujets de la vie quotidienne des porteños. Mélant le genre à l’art du cirque, les porteños créèrent le sainete criollo dont José Pepe Podestá est le représentant le plus emblématique.
Durant le XXe siècle le sainete criollo et d’autres genres font leur apparition à l’instar de la gauchesca ou de la comedia de costumbre (comédie de mœurs). C’est aussi le moment ou le théâtre indépendant prend son envol. En 1930, Leonidas Barletta fonde notamment le Teatro del pueblo (Le théâtre du village) dont l’objectif est de développer une nouvelle forme de théâtre. Aux antipodes des pièces commerciales alors représentées, elle met en avant les artistes et auteurs nationaux, qui ne sont pas payés pour leurs représentations. Le mouvement du théâtre indépendant se diffuse alors au travers de tout le pays par le biais de multiples compagnies ayant la volonté de transmettre le “vrai” théâtre, détaché de toutes les contraintes du marché.
Dans une dynamique de questionnements sociaux, étiques et esthétiques, le théâtre des années 60 se transforme tant dans son écriture que dans sa mise en scène. La place du metteur en scène est de plus en plus importante et son travail s’approfondi. Parmi ces nouvelles formes l’on peut notamment citer le théâtre d’avant-garde et d’expérimentation avec les productions de Eduardo Pavlosky, le réalisme social ou encore le nouveau grotesque.
De la dictature à la démocratie : une nouvelle ère pour le théâtre en Argentine
Au milieu des années 70, pendant le régime dictatorial de Videla, le théâtre sert d’exutoire et dénonce les abus du régime politique. Progressivement exclus des salles officielles de théâtre, certains acteurs et auteurs de pièces de théâtre s’organisent pour continuer à présenter leurs œuvres dans des salles cachées. Ils dénoncent au travers de leurs pièces les dérives d’un pouvoir tyrannique et soulignent l’importance de la représentation théâtrale comme outil de mémoire. Ainsi furent fondées les bases du Teatro abierto, le théâtre ouvert développant un humour corrosif et critique.
Depuis le retour à la démocratie, loin de perdre de la vitesse, le théâtre continue sur sa lancée et se développe. Chaque week-end se sont plusieurs centaines de pièces qui sont jouées dans la capitale.
Le théâtre argentin aujourd’hui
Aujourd’hui le théâtre argentin est l’un des plus dynamiques du monde. Le public vient assister en grand nombre aux centaines de pièces qui se jouent chaque week-end dans des lieux prestigieux aussi bien que dans des endroits inconnus et cachés. Il est aussi sorti des limites de la ville de Buenos Aires pour s’implanter dans les villes secondaires du pays telles que Cordoba, Rosario, La Plata, Mar del Plata etc..
Bien que la majorité des acteurs ne soient pas rémunérés, de plus en plus d’argentins tentent l’expérience de monter sur les planches. De nombreuses écoles de théâtre ont ouvert ses dernières années et connaissent un succès grandissant. La plupart des pièces se jouent le weekend parfois à coups de deux représentations par soirée.
L’une des principales caractéristiques du théâtre argentin est également qu’il est particulièrement prolixe. Les auteurs argentins créent sans cesse de nouvelles œuvres, qu’elles soient totalement novatrices, l’adaptation d’œuvres classiques ou même la narration de la propre histoire de leur auteur.
Pour certains spécialistes, c’est l’alliance entre l’aisance naturelle des argentins pour prendre la parole et un environnement politique, économique et social instable qui créé une atmosphère idéale à la créativité théâtrale. Durant la crise économique de 2001, le théâtre fut un refuge spirituel aussi bien qu’une catarsis leur permettant d’exprimer leurs angoisses et leur colère.
Un dynamisme et une qualité qui expliquent aussi que le théâtre argentin s’exporte bien de part le monde. Des metteurs en scène argentins tels que Cossa, Gambaro ou Pavlovsky ont dirigé aussi bien en Argentine qu’aux Etats-Unis ou en Europe.
Les trois grands types de théâtres
– Le théâtre officiel
Il s’agit du théâtre subventionné par l’Etat. Il s’agit généralement de la représentation d’œuvres connues et à succès, aussi bien classiques ou modernes. Les décors et la mise en scène sont très travaillés et prennent une place importante dans la représentation.
– Le théâtre commercial
Ce théâtre peut être rapproché du spectacle de Broadway et de notre théâtre de boulevard français. Il s’agit généralement de grosses productions à vocation grand public notamment dans le genre de la comédie. La plupart de ces théâtres se trouvent le long de la rue Corrientes.
– Le théâtre alternatif
Probablement le plus représentatif de l’exception culturelle argentine. Il s’agit d’un théâtre très dynamique et diversifié, qui se renouvelle sans cesse. Relativement informel, il se développe au sein de Casas culturales (maisons culturelles), de collectifs ou d’associations. A noter que de nombreuses pièces se tiennent également à portes fermées chez des particuliers, faisant fonctionner le bouche à oreille. Cette forme de théâtre est plus développé en Argentine : de plus faibles subventions et la passion théâtrale des argentins ont engendré une prolifération de lieux alternatifs et une créativité sans équivalent.
Prendre des cours de théâtre à Buenos Aires
La plupart des centres cultuels et des théâtres proposent des ateliers pour débutants ou confirmés. Il suffit de vous rendre dans l’un d’eux et de demander plus d’informations. Les cours seront plus ou moins formels et plus ou moins onéreux selon l’endroit où vous vous rendrez. Parmi les plus réputés, l’on retrouve les cours du théâtre San Martin qui propose des ateliers variés tout au long de l’année ainsi que les cours reconnus de l’IUNA (Instituto Universitario Nacional de Arte, l’ancien Conservatoire) ouverts à tous.
Pour en savoir plus sur la programmation, vous pouvez consulter :
– Le site Complejo teatral de Buenos Aires regroupe les programmes de tous les théâtres de Buenos Aires
– Alternativa teatral
– Agenda cultural de la ville de Buenos Aires
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