Littérature : la nouvelle vague argentine

Deux chiffres donnent la mesure de l’amour des argentins pour la littérature : Buenos Aires compte 467 librairies soit le plus grand nombre au monde en 2015 et le Salon du livre qui accueille chaque année un million de visiteurs !

Librairie El Ateneo, Buenos Aires

La création littéraire argentine vit une époque de faste, après la morosité des années 1990, lorsque les plus grandes maisons d’éditions argentines ont fermé ou ont été rachetées par des mastodontes internationaux. Ainsi, l’essence même du roman argentin se perd pendant quelques années jusqu’à la création de petites maisons d’éditions indépendantes, phénomène qui s’accélère à partir de 2001. Indépendance, curiosité et ambition donnent naissance à des éditeurs tels que La Bestia Equilátera, Mansalva, Eterna Cadencia, Clase Turista, Tamarisco ou Entropía. Les plus petites de ce groupe n’hésitent pas à vendre les livres dans le cadre de leur propre salon, la Foire Littéraire du livre Indépendant Autogérée (Flia). Aussi surprenant que cela puisse paraître, ces maisons en marge du circuit classique sont malgré tout reconnues sur le marché international, à tel point qu’être publié par ces éditeurs est aujourd’hui un gage de qualité.

La nouvelle scène littéraire argentine formée par des auteurs nés dans les années 1960 à 1980 est un mélange des genres. Elle propose un éventail varié du plus classique au fantastique en passant par la poésie et le thriller. Outre les auteurs argentins connus dans l’Hexagone, de nombreux autres écrivains méritent le coup d’œil.

Il n’est pas facile de regrouper ces auteurs ! Nous avons décidé de le faire avec des catégories subjectives : popularité, mouvement littéraire ou maison d’édition.

 

Écrivains populaires et consacrés

Alan Pauls (1959)

Ayant étudié au lycée français de Buenos Aires, Alan Pauls est parfaitement bilingue.  Romancier et essayiste, il fait partie des nombreux écrivains à s’être directement inspiré de Jorge Luis Borges. Il a même publié Le facteur Borges en 2006, en hommage à l’écrivain argentin majeur du XXe siècle. À noter que ce dernier fut d’abord écrit en français avant d’être traduit en espagnol. Salué par ses pairs, le romancier-essayiste est l’auteur d’une œuvre conséquente, dont le livre le plus connu traite le sujet de la passion amoureuse, Le passé (2003), il reçoit le prix Herralde la même année. Le livre a été porté au cinéma par Hector Babenco en 2007.

Alan Pauls a également été critique littéraire dans le supplément culturel de Página/12.

Cinéphile, il est à l’origine de plusieurs scénarios et a également interprété des rôles dans des films argentins dont Cassandra, de Inès de Oliveira Cézar (2012), dans lequel il tient le rôle principal.

Carlos Gamerro (1962)

Professeur de lettres à l’Université de Buenos Aires, il publie son premier roman Las lslas en 1998. Écrivain à plusieurs facettes, il a également participé à l’écriture de scénarios et a adapté son livre Las Islas en pièce de théâtre présenté au Théâtre Alvear de Buenos Aires.

Leopoldo Brizuela (1963)

Leopoldo Brizuela Crédit. CC Jorge Mejia Peralta

Très vite inspiré par la littérature, il écrit son premier livre à l’âge de 16 ans. Approuvé par la critique littéraire pour son style versatile, l’auteur des livres L’Angleterre (2004) et Le plaisir de la captive (2006), a reçu plusieurs récompenses dont le prix argentin Clarín. La nuit recommencée (2012), pour lequel il a reçu le prix espagnol Alflaguara de la meilleure nouvelle en 2012, aborde le sujet douloureux de la dictature menée par le président de l’époque, Jorge Rafael Videla.

Rodrigo Fresán (1963)

Auteur de 9 livres, dont la première publication, Historia argentina (1991), se place en tête des best-sellers pendant six mois lors de sa sortie. Le livre fut corrigé puis amélioré avant d’être publié en Espagne et en France. Avec La velocidad de las cosas, La vitesse des choses  en version française, il s’impose comme l’un des grands auteurs argentins actuels. En 2004, il est récompensé du Premier prix Lateral de la narration pour Les jardins de Kensington. À noter que Le fond du ciel (2010) a reçu une très bonne critique en France. Depuis 1999, il vit et travaille à Barcelone où il exerce son deuxième métier de journaliste. Rodrigo Fresán écrit notamment pour le journal Página/12.

Pablo de Santis (1963)

Plein d’imagination, cet auteur s’adresse à un public varié, de l’adolescent à l’amateur de nouvelles en passant par l’accro aux romans policiers. Avec une trentaine de publications à son actif, dont La soif primordiale (2012), il a été traduit en plusieurs langues dont le français. Il écrit en 1995 le scénario de la bande dessinée Rompecabezas, qui regroupe quelques-unes des caricatures dessinées avec l’illustrateur Max Cachimba pour le magazine Fierro, dont il fut rédacteur en chef. Il  a travaillé plusieurs années comme journaliste et a écrit la minisérie Bajamar pour la télévision. Aujourd’hui, il dirige les collections La Movida et Obsesiones de la maison d’éditions Colihue. En 2014, son livre El inventor de juegos (2003) fut adapté aux écrans par Juan Pablo Buscarini.

Diego Paszkowski  (1966)

L’auteur partage son amour de l’écriture par l’organisation d’ateliers et l’enseignement littéraire à l’université. En 2010, l’écrivain de polars reçoit le prix de la nouvelle par le journal argentin La Nación pour son livre Thèse sur un homicide (1999), un petit phénomène éditorial en Argentine, traduit en plusieurs langues et adapté au cinéma sous le nom d’Hipotésis par Hernán Goldfrid.

Martin Kohan (1967)

Professeur de lettres notamment à l‘Université de Buenos Aires, il est publié chez l’éditeur indépendant espagnol Anagrama. Ciencias morales (2007), sa nouvelle la plus connue a reçu le prix Herralde de la nouvelle 2007 et fut adapté au cinéma sous le nom de La mirada invisible. Le conscrit (2012), l’un des plus grands titres de la littérature contemporaine, traite des facteurs qui conduisent un individu ordinaire à intérioriser la violence politique et à prendre parti pour la répression. En 2014, le prix Konex l’a désigné comme l’un des cinq meilleurs nouvellistes en Argentine entre 2008 et 2010.

Eduardo Sacheri (1967)

Auteur du phénomène littéraire et cinématographique Dans ses yeux, qui a même remporté l’Oscar du meilleur film étranger en 2010, ce professeur d’histoire est également un chroniqueur de foot des plus prisés. Son roman, Petits papiers au gré du vent, publié en France en 2014, a également été adapté au cinéma par Juan José Campanella.

Marcelo Damiani (1969)

Auteur à succès, il a reçu plusieurs prix littéraires dont celui de la Révélation de l’année par le journal argentin Página/12 en 2001. Il se met à la poésie en 2003 avec Passagers. Parmi ses ouvrages traduits en français, citons Le métier de survivre (2013). En parallèle, l’écrivain est professeur de littérature dans plusieurs universités de la capitale argentine et collabore avec de nombreux titres de presse argentins.

Pedro Mairal (1970)

Sa nouvelle Une nuit avec Sabrina (1998) lui rapporte le prix du meilleur roman Clarín, est adaptée au cinéma en 2000. Auteur et poète à succès, son œuvre est traduite dans de nombreuses langues dont le grec, le polonais, le turc ou le français.

Marisol Misenta (1972)

Plus connue sous le pseudonyme d’Isol, cette auteure de dessins et de romans graphiques au ton mêlant candeur et ironie est reconnue à l’international, notamment en France, aux États-Unis et en Corée du Sud. Elle sort son premier roman graphique Vida de perros en 2007, avant d’enchaîner les parutions. En 2013, son œuvre complète, qui s’élève à une trentaine de publications, est saluée par le prix Astrid Lindgren Memorial Award, remis par le Conseil National de la Culture suédoise.

Selva Almada (1973)

 Selva Almada. CC Flickr Ministère de la culture argentine

Lue en Argentine et outre-Atlantique, elle sort son best-seller, Après l’orage, en 2012. Elle fut boursière du fond national des beaux arts argentins. Son style classique a su séduire un lectorat international, avec des œuvres traduites en français, portugais et italien. Ancienne étudiante en littérature, elle affectionne également les poèmes, que l’on découvre notamment dans son recueil Mal de muñecas (2003).

Mariana Enríquez (1973)

Jeune talent, elle publie sa première nouvelle à 21 ans, Bajar es lo peor. Elle sera saluée par ses confrères pour son texte écrit en hommage à l’écrivain américain Ray Bradbury. Son style sordide et fascinant donne lieu à des écrits horrifiques, dont la nouvelle Chicos que vuelven (2013). Pas encore traduite en français, ses ouvrages sont à lire en version originale ! Mariana Enriquez s’est également illustrée comme journaliste pour la revue Radar du journal Página/12 ou encore le magazine El Guardián.

Leonardo Oyola (1973)

Il est l’auteur de nombreux polars qui mêlent fantastique et utilisent notamment le lunfardo, l’argot portègne. Son livre Hace que la noche venga (2008) reporte le prix de la révélation remis par la Revista Ñ. Deux de ses ouvrages, notamment traduits en français, Golgotha (2011) et Chamamé (2012), ont reçu un bel accueil. Egalement journaliste, il collabore avec les magazines Rolling Stones et Orsai.

Félix Bruzzone (1976)

Ancien maître d’école, cet auteur à succès a quitté son emploi pour laver des piscines et ainsi consacrer plus de temps à l’écriture, sa passion. Chroniqueur et nouvelliste, il est le fondateur de la maison d’édition indépendante Tamarisco. En 2010, il est récompensé par le prix allemand Anna Seghers pour Les Taupes.

Lucia Puenzo (1976)

Fille du cinéaste oscarisé Luis Puenzo, elle débute sa carrière en tant que scénariste pour des séries télévisées argentines. Son premier long métrage, XXY, est élu Grand Prix de la Semaine Internationale de la Critique à Cannes en 2007. En 2013, son deuxième long métrage Le médecin de famille adapte l’histoire de son livre, Wakolda, sorti en 2010. Également écrivaine, plusieurs des livres de Lucia Puenzo sont publiés en France dont La malédiction de Jacinta (2011).

Ignacio Rodriguez Minaverry (1978)

Jeune illustrateur parmi les plus créatifs d’Argentine, il a publié des histoires courtes dans plusieurs revues. Ses réalisations envoient des messages politiques forts. Dora, sa bande dessinée en deux tomes, traite d’une aventure passionnante qui nous entraîne dans le contexte géopolitique de l’après Seconde Guerre mondiale en Argentine, en Allemagne et en France à travers les yeux d’une fille de déportés de la Shoah.

 

Mouvement littéraire Generación del 90

Poète public - CC Nicolas Loubet

Lancé à la fin des années 1990 par un groupe de jeunes poètes, le mouvement Generación del 90 illustre la lassitude ressentie par ces auteurs en quête de renouveau et de fraîcheur face à la situation économique et sociale tumultueuse de cette période.

Fabian Casas (1965)

Ce poète, essayiste et journaliste, est une grande figure du mouvement. Sa revue de poésie 18 whiskys a eu une grande répercussion dans le cercle littéraire portègne. En 2007, il reçoit le prix allemand Anna Seghers. En 2011, la foire du livre de Gualajara au Mexique le reconnaît comme l’un des auteurs sud-américains les plus influents et audacieux de sa génération. Parmi son œuvre, on retient Ocio (2008) et Ensayos bonsaï (2008). Publié en France depuis 1995 par la revue marseillaise Action poétique, quelques de ces poèmes ont été réédités dans l’Anthologie de la poésie argentine (2009) chez Apogée.

Washington Cucurto (1972)

Poète, écrivain et éditeur, cet artiste engagé traite des sujets de l’activisme culturel, de la migration et des minorités. Notamment, son livre Cosas de negros (2003) aborde les minorités, tandis que son recueil de poèmes Las máquinas de hacer paraguayitos (2006) parle du sort des prostitués et de nouveau des immigrés. Plus intéressé par la diffusion de son œuvre que par le profit, Washington Cucurto crée le concept des éditions cartonnées, à savoir des écrits dont la couverture est réalisée avec du carton recyclé customisé.

En parallèle, l’auteur écrit des colonnes sportives pour le journal Crítica.

César Aira (1949)

Connu en France, cet auteur et traducteur a écrit pas moins de quarante livres. Il est considéré comme l’un des principaux auteurs latino-américains. Francophile, il se prend très jeune d’affection pour les écrits de Proust et Rimbaud sur lesquels il donne des cours. Le gouvernement français lui remet la médaille du Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en 2004 ou encore le prix Roger Caillois de littérature latino-américaine en 2014. Écrivain au style avant-gardiste, il n’hésite pas à mélanger les genres et applique « la fuite en avant », qui consiste à improviser un moyen de sortir de ses histoires. Une vingtaine de ses livres a été traduit en plusieurs langues. Un épisode dans la vie d’un voyageur (2001) et Le manège (2003) illustrent particulièrement  son style.

Francisco Garamona (1976)

Fondateur de l’édition Mansalva, la plus avant-gardiste de Buenos Aires, Garamona est un écrivain fantastique et mystique très influencé par l’art plastique. Il a ouvert à Palermo une librairie incontournable, International Argentina, qui se dédie à vendre les ouvrages d’auteurs indépendants argentins.

 

Mouvement Expérimental

Poésie CC Flickr Kris Krüg

Les auteurs entrant dans ce courant aiment se démarquer de la littérature traditionnelle argentine en explorant de nouveaux moyens d’expressions à travers l’écriture. Leur idée est donc d’écrire comme ils le souhaitent, sans carcans ni respect de règles pré-établies.

Pablo Katchadjian (1977)

Comme plusieurs auteurs de sa génération, il s’est auto-publié à ses débuts en 2004. Influencé par Jorge Luis Borges et fin connaisseur de son œuvre, il aime lui rendre hommage au travers de ses ouvrages. D’ailleurs, il surprend la scène littéraire en corrigeant à son goût l’Aleph de Borges sous le nom de l’Aleph engraissé. Quoi faire ? (2014) est le premier livre à être traduit en français ; ayant reçu une bonne critique, il emporte le lecteur dans un conte surréaliste. Pablo Katchadjian a également écrit le texte d’une œuvre musicale, La Ciudad,  présentée pour la première fois au Théâtre Colón de Buenos Aires en 2012.

Diego Arbit (1975)

Écrivain, acteur et producteur, il co-crée en 2007 la Foire du Livre Indépendant et Alternatif (FLIA). Ce salon géré par une assemblée communautaire d’écrivains et d’artistes permet aux auteurs de présenter leurs ouvrages aux producteurs et aux éditeurs, et cela, hors des canaux traditionnels. Diego Arbit aime dépeindre ses histoires de manière crue et s’intéresser aux marginaux de la société. Ses écrits ont la particularité de se vendre dans des bars et les facultés de Buenos Aires, ce qui lui apporte un lectorat international. Il est également membre fondateur de l’Orchestre Trompa de Elefante, groupe qui mélange musique et poésie. L’écrivain a la volonté de diffuser son art et celui de ses compères au plus grand nombre, aussi il se déplace en vendeur ambulant dans les lieux publics les plus fréquentés. Parmi ses œuvres non traduites, Nada para nadie (2008).

 

Une adresse : Argañaraz 22

Le centre culturel Pachamama, situé à l’adresse Argañaraz 22 à Buenos Aires, présente de la « Poésie stéréo », soit une combinaison de littérature contemporaine et d’art scénique. En d’autres mots, ce sont des slams de poésie exposés dans des cafés-théâtres intimistes qui sollicitent toute l’attention des spectateurs.

Cette liste est un aperçu non-exhaustif de la littérature argentine actuelle foisonnante.

PLUS D'INFO SUR L'ARGENTINE

EXEMPLES DE CIRCUITS

CRÉEZ VOTRE VOYAGE SUR MESURE

1) Remplissez notre formulaire et l'un de nos conseillers voyages prendra contact avec vous.

2) Grâce à notre connaissance du terrain nous vous proposons des circuits personnalisés et hors des chemins traditionnels.

3) Nous vous accueillons dès votre arrivée sur place.

4) Vous bénéficiez d'un suivi et d'une assistance 7j/7 et 24h/24 durant votre séjour.